Soldat
Soldat
Il a le regard triste
Et le teint gris,
Tels les nuages étouffants,
Et toutes ces fumées s’essoufflant trop lentement…
Pourquoi ce soldat pousse-t-il un landau ?
D’où vient ce gosse couché dans son carcan de fer ?
Pas un mot ne glisse des lèvres de notre homme
Hormis : « un soldat, c’est fort, c’est froid ».
Cela jure avec les traînées blanches sur sa joue,
Empreintes muettes de ses larmes.
La crasse ne peut les effacer,
Au contraire, elle les sublime…
Il est la risée du régiment.
Poussant son fardeau sous les bombardements,
Inlassablement, fantôme plus que vivant,
Son geste est absurde, et pourtant…
Il est confus, totalement perdu,
Car le môme déjà n’est plus…
« Un soldat, c’est fort, c’est froid »
Oui, ça doit l’être, mais pas chaque fois…
Traversant les brumes, il est reparti,
Le corps, le cœur, l’esprit meurtris…
Le mort en sursis en réalité,
C’est lui.